Devenir infirmière après avoir obtenu le Diplôme d’État d’Aide-Soignant (DEAS) est un parcours intéressant et valorisant. Voici un guide détaillé sur les étapes, les exigences et les considérations à prendre en compte pour cette transition.

1. Comprendre le rôle d’une infirmière

Avant de se lancer dans cette voie, il est essentiel de bien comprendre les responsabilités d’une infirmière, qui incluent :

  • Évaluation des besoins des patients : Analyser l’état de santé des patients et élaborer des plans de soins.
  • Administration des traitements : Administrer des médicaments et réaliser des soins médicaux.
  • Collaboration interdisciplinaire : Travailler en étroite collaboration avec d’autres professionnels de santé.
  • Éducation des patients : Informer et éduquer les patients et leurs familles sur les soins et la gestion des maladies.

2. Exigences académiques

La formation pour devenir infirmier est soumise à des conditions d’admission strictes et repose sur un processus de sélection rigoureux. Avant d’intégrer une formation en soins infirmiers, il est important de comprendre les prérequis académiques et administratifs, ainsi que les différentes étapes à franchir pour être accepté en Institut de Formation en Soins Infirmiers (IFSI).

2.1. Conditions d’admission

Les conditions d’admission à la formation en soins infirmiers dépendent du profil du candidat. Plusieurs voies sont possibles, notamment pour les titulaires du Diplôme d’État d’Aide-Soignant (DEAS). Les candidats doivent remplir des critères académiques spécifiques pour postuler dans un IFSI.

2.1.1. Niveau scolaire requis

Traditionnellement, l’accès à la formation en soins infirmiers est conditionné par l’obtention d’un diplôme de niveau bac ou équivalent. Cependant, les aides-soignants titulaires du DEAS peuvent bénéficier d’un accès spécifique, appelé la passerelle aide-soignant vers infirmier.

  • Baccalauréat ou équivalent : Pour les candidats ayant un parcours scolaire classique, le bac (général, technologique ou professionnel) est le diplôme minimum requis pour s’inscrire en IFSI. Par exemple, un baccalauréat ST2S (Sciences et technologies de la santé et du social) est souvent privilégié, car il offre une bonne préparation aux études de santé.
  • Diplôme d’État d’Aide-Soignant (DEAS) : Les aides-soignants en poste peuvent intégrer un IFSI sans nécessairement passer par le baccalauréat, grâce à la reconnaissance de leur expérience professionnelle. Ils peuvent ainsi entrer en formation d’infirmier après plusieurs années d’expérience, par le biais d’un concours spécifique ou de la Validation des Acquis de l’Expérience (VAE) (cf. Chapitre 4).
  • Autres diplômes professionnels : Il existe également des passerelles pour d’autres professionnels de santé, tels que les auxiliaires de puériculture ou les ambulanciers, qui peuvent avoir un accès spécifique à la formation en soins infirmiers.
2.1.2. Dossier de candidature

Une fois les conditions académiques remplies, les candidats doivent constituer un dossier de candidature pour postuler dans un IFSI. Ce dossier est une étape clé dans le processus de sélection, et il est important de bien le préparer.

  • Pièces justificatives : Le dossier de candidature doit inclure plusieurs documents tels que :
    • Une copie des diplômes obtenus (baccalauréat, DEAS, etc.).
    • Un CV détaillant l’expérience professionnelle et les compétences acquises, notamment pour les aides-soignants en poste.
    • Une lettre de motivation expliquant le projet professionnel du candidat, ses motivations pour devenir infirmier, et son intérêt pour les soins.
    • D’éventuelles lettres de recommandation de la part d’employeurs ou de formateurs peuvent également renforcer la candidature, surtout pour les candidats issus de la filière aide-soignant.
  • Parcoursup : Pour les bacheliers ou les titulaires de diplômes équivalents, l’inscription à un IFSI se fait désormais via la plateforme Parcoursup. Les candidats doivent y déposer leur dossier et répondre aux critères de sélection définis par les IFSI.
2.1.3. Concours spécifique pour les aides-soignants

Pour les aides-soignants titulaires du DEAS, un concours spécifique peut être organisé par les IFSI. Ce concours, qui se distingue du processus classique d’admission, permet aux professionnels de santé déjà en poste de valoriser leur expérience et d’accéder directement à la formation d’infirmier.

  • Conditions d’accès : Les aides-soignants doivent généralement justifier de trois années d’expérience professionnelle (soit 4 200 heures) pour pouvoir se présenter à ce concours. Le concours consiste généralement en des épreuves écrites et orales.
  • Exemple d’épreuves écrites : Les aides-soignants passent des épreuves de culture générale et des tests psychotechniques. Par exemple, une épreuve écrite pourrait porter sur des sujets de santé publique, l’organisation du système de santé, ou des problématiques éthiques rencontrées dans les soins. Ces épreuves visent à évaluer les connaissances théoriques ainsi que la capacité à réfléchir rapidement et de manière critique.
  • Exemple d’épreuves orales : Un entretien oral permet d’évaluer la motivation des candidats, leur compréhension des enjeux du métier d’infirmier, ainsi que leur aptitude à évoluer dans un contexte de soins plus complexe que celui d’aide-soignant. Par exemple, un candidat pourrait être interrogé sur sa gestion de situations difficiles en tant qu’aide-soignant et sur sa capacité à prendre des responsabilités accrues.

2.2. Épreuves de sélection

La sélection pour intégrer un IFSI peut être très compétitive, en particulier pour les candidats issus de la voie classique (bacheliers, autres diplômes). Les épreuves de sélection diffèrent en fonction des profils, mais elles visent toutes à évaluer la capacité des candidats à réussir dans le domaine des soins infirmiers.

2.2.1. Épreuves écrites

Les candidats issus de la voie classique, ainsi que ceux bénéficiant d’une passerelle, passent souvent des épreuves écrites qui visent à évaluer leurs compétences académiques et leurs aptitudes à suivre une formation en soins infirmiers.

  • Test de culture générale : Ce test porte généralement sur des sujets en lien avec la santé, le social, et l’actualité. Par exemple, une question pourrait porter sur les enjeux de santé publique dans le cadre de la gestion d’une pandémie ou sur l’impact des conditions socio-économiques sur la santé.
  • Tests psychotechniques : Les tests psychotechniques évaluent la logique, la capacité de raisonnement et l’aptitude à résoudre des problèmes sous pression. Cela permet de vérifier que les candidats peuvent prendre des décisions rapides et efficaces dans des situations de stress, une compétence essentielle pour un infirmier.
  • Exemple de test : Un test pourrait présenter une série d’énoncés mathématiques, de suites logiques ou de questions de raisonnement verbal, exigeant une réponse rapide et précise.
2.2.2. Entretiens oraux

Les entretiens oraux sont souvent organisés pour évaluer la motivation des candidats ainsi que leur aptitude à assumer les responsabilités inhérentes au métier d’infirmier. Ces entretiens permettent également d’évaluer les compétences relationnelles et communicationnelles des candidats, qui sont cruciales dans la prise en charge des patients.

  • Questions types : Durant l’entretien, les candidats peuvent être interrogés sur des aspects spécifiques du métier, comme leur gestion du stress ou leur approche face à des patients difficiles. Un exemple de question pourrait être : « Comment réagiriez-vous face à un patient agressif ou désorienté ? » L’évaluateur s’attend à ce que le candidat réponde en démontrant de l’empathie, de la maîtrise de soi et une capacité à désamorcer les conflits.
  • Exemple d’entretien pour aides-soignants : Un aide-soignant pourrait être interrogé sur des situations vécues en milieu hospitalier. Par exemple : « Pouvez-vous décrire une situation où vous avez dû prendre des initiatives dans le cadre de vos fonctions d’aide-soignant et en quoi cela a contribué à la qualité des soins ? » Cela permet de juger de la maturité professionnelle du candidat et de sa capacité à évoluer vers des fonctions plus complexes.

2.3. Importance de la motivation

Dans le cadre des processus de sélection, la motivation joue un rôle déterminant. Les candidats doivent démontrer un engagement fort envers le métier d’infirmier, un sens des responsabilités, et une grande empathie pour les patients. Ils doivent aussi être prêts à affronter la charge émotionnelle et physique que représente cette profession.

  • Rôle de la lettre de motivation : Dans la lettre de motivation, les candidats doivent expliquer clairement leurs raisons de vouloir devenir infirmiers, en particulier s’ils viennent de la filière aide-soignant. Par exemple, un candidat pourrait évoquer son désir d’évoluer vers des responsabilités plus importantes dans la prise en charge des patients ou son souhait de contribuer de manière plus directe à l’amélioration de la santé publique.
  • Projection professionnelle : Les candidats doivent aussi pouvoir se projeter dans leur future carrière d’infirmier. Ils doivent être capables de décrire ce qui les attire dans cette profession (les soins techniques, l’accompagnement des patients, l’organisation du travail en équipe) et comment ils envisagent leur évolution de carrière.

3. Formation pour devenir infirmière

Le Diplôme d’État d’Infirmier (DEI) est une formation rigoureuse, structurée sur trois ans et encadrée par des exigences académiques précises qui visent à garantir un haut niveau de compétence dans la profession infirmière.

3.1. Durée et contenu de la formation

La formation menant à l’obtention du Diplôme d’État d’Infirmier (DEI) se déroule sur une période de trois ans (soit 6 semestres). Ce programme est divisé entre des enseignements théoriques, visant à fournir les connaissances scientifiques et techniques nécessaires à l’exercice du métier, et des stages pratiques, destinés à confronter les étudiants à la réalité des soins.

L’ensemble de la formation est aligné avec un référentiel de compétences qui se décline en 10 compétences clés, définies par l’arrêté du 31 juillet 2009 relatif au DEI. Chaque compétence correspond à des capacités à mobiliser dans des situations concrètes de soins et de gestion des patients, notamment en matière de responsabilité, d’autonomie, et de collaboration interdisciplinaire.

3.1.1. Modules théoriques

Les enseignements théoriques couvrent un large éventail de disciplines pour garantir une formation complète et solide. Voici les principaux modules d’enseignement :

  • Sciences biologiques et médicales: Ce domaine comprend les bases en anatomie, physiologie, biologie cellulaire, et pharmacologie. Les étudiants apprennent à comprendre le fonctionnement du corps humain, les mécanismes des maladies, ainsi que les actions des médicaments. Cela permet d’acquérir une vision holistique des soins infirmiers en lien avec la santé globale des patients.
  • Soins infirmiers et techniques de soins: Cette section concerne les techniques spécifiques que les infirmiers doivent maîtriser. Cela inclut la gestion des pansements, l’administration des médicaments, la gestion des dispositifs médicaux (tels que les perfusions ou les sondes), ainsi que les protocoles d’urgence. L’accent est mis sur la qualité des soins, la sécurité des patients, et la gestion des risques.
  • Santé publique et gestion des soins : Ici, les étudiants sont formés à la promotion de la santé, à la prévention des maladies, ainsi qu’à la gestion et l’organisation des soins dans des structures diverses (hôpitaux, cliniques, EHPAD). Ils apprennent également à travailler dans des environnements pluridisciplinaires, en collaboration avec d’autres professionnels de santé, tels que les médecins, les kinésithérapeutes et les aides-soignants.
  • Éthique et déontologie: Ce module aborde les principes éthiques et déontologiques qui guident la pratique infirmière. Les étudiants explorent des sujets comme le respect de la dignité humaine, le secret professionnel, la prise de décision en situation complexe et l’autonomie des patients. Ce volet est essentiel pour garantir une approche humaine et respectueuse dans la pratique des soins.
  • Sciences humaines, sociales et droit: Les étudiants sont aussi formés aux aspects psychosociaux des soins. Cela inclut la communication avec les patients, la compréhension des dynamiques familiales et sociales, ainsi que l’impact des environnements sociaux sur la santé. Une partie de cette formation touche également au cadre juridique de la profession (lois de santé publique, droit des patients).
  • Gestion de la douleur : Un autre domaine clé est la prise en charge de la douleur sous toutes ses formes, qu’elle soit aiguë ou chronique. L’infirmier est souvent en première ligne pour évaluer et soulager la douleur des patients, à l’aide de techniques médicamenteuses ou non médicamenteuses.
  • Recherche en soins infirmiers: En vue de favoriser l’évolution des pratiques professionnelles, les infirmiers sont aussi formés à la recherche. Cela leur permet d’appréhender les méthodologies de recherche clinique, d’évaluer la pertinence des études scientifiques et de les intégrer dans leur pratique quotidienne.
3.1.2. Compétences cliniques

Les compétences développées lors de la formation permettent aux futurs infirmiers d’assurer une prise en charge complète et adaptée des patients. Voici un résumé des 10 compétences essentielles à maîtriser :

  1. Évaluer une situation clinique et établir un diagnostic infirmier.
  2. Concevoir et conduire un projet de soins infirmiers.
  3. Accompagner une personne dans la réalisation de ses soins quotidiens.
  4. Mettre en œuvre des actions à visée diagnostique et thérapeutique.
  5. Initier et mettre en œuvre des soins éducatifs et préventifs.
  6. Communiquer et conduire une relation dans un contexte de soins.
  7. Analyser la qualité et améliorer sa pratique professionnelle.
  8. Rechercher et traiter des données professionnelles et scientifiques.
  9. Organiser et coordonner des interventions soignantes.
  10. Informer et former des professionnels et des personnes en formation.

3.2. Stages pratiques

Les stages représentent une composante fondamentale du parcours de formation infirmier. Ils permettent aux étudiants de développer des compétences pratiques en contact direct avec les patients et les équipes de soins. Ces périodes de stages s’étendent sur 60 semaines réparties sur les trois ans de formation, et chaque stage offre une immersion dans des environnements de soins variés, favorisant ainsi l’acquisition d’une expérience diversifiée.

3.2.1. Types de stages

Les stages couvrent plusieurs secteurs d’activité pour garantir une polyvalence des compétences :

  • Services hospitaliers : Les étudiants effectuent des stages dans des services comme la médecine générale, la chirurgie, la pédiatrie, ou encore la psychiatrie. Cela leur permet d’acquérir des compétences dans la prise en charge de patients ayant des pathologies variées.
  • Soins à domicile : Des stages en structures de soins à domicile sont organisés pour apprendre à intervenir au plus près des patients dans leur environnement quotidien, souvent dans le cadre de pathologies chroniques ou de soins palliatifs.
  • EHPAD (Établissements d’Hébergement pour Personnes Âgées Dépendantes) : Un autre volet important est le soin aux personnes âgées, qui permet de développer des compétences spécifiques en gériatrie et en accompagnement de la perte d’autonomie.
3.2.2. Objectifs des stages

Les stages ont pour but de :

  • Acquérir des compétences techniques : Apprendre à réaliser des soins spécifiques comme des injections, des pansements complexes, ou des prélèvements sanguins.
  • Développer une capacité d’adaptation : Les étudiants sont confrontés à diverses pathologies, ce qui les prépare à réagir de manière adaptée en situation d’urgence ou de stress.
  • Appréhender le travail en équipe pluridisciplinaire : Apprendre à collaborer avec d’autres professionnels de santé est essentiel pour une prise en charge optimale des patients.
  • Acquérir une démarche réflexive : Les étudiants sont encouragés à analyser leurs pratiques, identifier leurs points forts et faibles, et développer un sens critique pour améliorer continuellement leur approche des soins.

3.3. Suivi pédagogique et évaluations

Tout au long de la formation, les étudiants sont suivis par des enseignants et des tuteurs lors des stages. L’évaluation des compétences s’effectue par un contrôle continu en théorie et en pratique. Les évaluations incluent :

  • Des examens écrits et oraux sur les modules théoriques.
  • Une évaluation des compétences lors des stages, basée sur l’observation et des grilles de compétences.
  • Un mémoire ou travail de fin d’études(TFE), qui demande aux étudiants de mener une réflexion approfondie sur une problématique de soins, en utilisant la méthodologie de recherche et en proposant des solutions adaptées.

4. Reconnaissance des acquis

La reconnaissance des acquis, est essentiel pour les aides-soignants ayant déjà une expérience professionnelle et souhaitant devenir infirmiers. Ce processus, principalement centré autour de la Validation des Acquis de l’Expérience (VAE), permet de valoriser les compétences et les savoirs accumulés en milieu professionnel pour accéder à un diplôme supérieur sans repasser par une formation complète.

La reconnaissance des acquis est un mécanisme qui permet aux professionnels, en particulier les titulaires du Diplôme d’État d’Aide-Soignant (DEAS), de faire valoir leur expérience professionnelle et leurs compétences pour accéder au Diplôme d’État d’Infirmier (DEI). Ce processus repose principalement sur deux dispositifs :

  • La Validation des Acquis de l’Expérience (VAE).
  • Les passerelles entre le métier d’aide-soignant et celui d’infirmier.

4.1. La Validation des Acquis de l’Expérience (VAE)

La Validation des Acquis de l’Expérience (VAE) permet aux aides-soignants ayant exercé pendant plusieurs années de faire reconnaître leur expérience en obtenant, en tout ou en partie, le Diplôme d’État d’Infirmier. Ce processus est encadré par la loi et offre une opportunité à ceux qui ne souhaitent pas suivre un cursus complet de formation infirmière.

4.1.1. Conditions d’éligibilité

Pour pouvoir prétendre à la VAE pour le DEI, le candidat doit remplir plusieurs critères :

  • Justifier d’au moins un an d’expérience professionnelle en lien avec les compétences requises pour l’exercice du métier d’infirmier, soit 1 607 heures d’activité. Les aides-soignants ayant plusieurs années d’expérience en milieu hospitalier ou en structures de soins à domicile sont particulièrement bien placés pour bénéficier de ce dispositif.
  • L’expérience peut être acquise dans différents contextes : hôpitaux, cliniques, EHPAD, services à domicile, etc. L’important est que les missions réalisées soient en adéquation avec les compétences attendues d’un infirmier.
  • Le candidat doit être capable de démontrer qu’il maîtrise certaines compétences inscrites dans le référentiel de compétences du métier d’infirmier, comme la prise en charge globale du patient, la gestion des traitements, la collaboration avec d’autres professionnels de santé, ou encore la capacité à communiquer efficacement avec les patients et leurs familles.
4.1.2. Démarches administratives

Le processus de VAE implique plusieurs étapes administratives :

  • Constitution d’un dossier de VAE : Le candidat doit constituer un dossier décrivant précisément son expérience professionnelle. Ce dossier doit prouver que les compétences et les connaissances requises par le métier d’infirmier ont été acquises dans le cadre de son activité. Cela inclut des descriptions détaillées des situations rencontrées dans son travail, les soins réalisés, la collaboration avec d’autres professionnels de santé, ainsi que les responsabilités assumées.
  • Entretien avec un jury : Une fois le dossier déposé et jugé recevable, le candidat passe un entretien devant un jury composé de professionnels de la santé et de formateurs en soins infirmiers. Le jury évalue si les compétences décrites dans le dossier correspondent à celles attendues d’un infirmier diplômé. L’entretien est l’occasion pour le candidat de préciser certains aspects de son expérience et de répondre à des questions pour démontrer sa compréhension des rôles et responsabilités infirmiers.
  • Complément de formation (si nécessaire) : Selon l’évaluation du jury, le candidat peut être amené à suivre certains modules complémentaires pour valider les compétences manquantes. Ces formations sont souvent de courte durée et permettent de combler les éventuelles lacunes identifiées par le jury.
4.1.3. Validation partielle ou totale du DEI

Suite à l’évaluation du dossier et de l’entretien, le jury peut :

  • Valider totalement le diplôme : Dans ce cas, le candidat obtient directement le Diplôme d’État d’Infirmier sans avoir à suivre de formation supplémentaire.
  • Valider partiellement : Si certaines compétences n’ont pas pu être validées, le jury peut demander au candidat de compléter sa formation par des modules spécifiques (enseignements théoriques et/ou stages pratiques). Une fois ces modules réalisés avec succès, le candidat obtient le DEI.
  • Refuser la validation : Si le candidat n’a pas pu démontrer suffisamment de compétences en lien avec le référentiel du DEI, il peut se voir refuser la VAE. Dans ce cas, il lui sera conseillé de continuer à acquérir de l’expérience et de renforcer ses compétences avant de présenter à nouveau sa candidature.
4.1.4. Avantages de la VAE

La VAE offre plusieurs avantages pour les aides-soignants :

  • Reconnaissance de l’expérience professionnelle : La VAE permet aux aides-soignants d’obtenir un diplôme supérieur sans repartir de zéro. Leur expérience est valorisée, et ils peuvent éviter certaines étapes de formation longues et coûteuses.
  • Gain de temps : Contrairement à une formation complète qui dure trois ans, la VAE permet de réduire considérablement la durée nécessaire pour obtenir le DEI, en fonction des compétences déjà acquises.
  • Accès à un niveau de responsabilité plus élevé : Obtenir le DEI par la VAE permet de progresser rapidement dans sa carrière et d’accéder à des postes plus qualifiés et mieux rémunérés, avec une plus grande autonomie dans la gestion des soins.

4.2. Passerelles pour les aides-soignants

En plus de la VAE, il existe également des passerelles spécifiques pour les aides-soignants souhaitant devenir infirmiers. Ces passerelles permettent d’alléger le parcours de formation et de favoriser la transition vers la profession d’infirmier.

4.2.1. Dispenses de modules

Certains instituts de formation en soins infirmiers (IFSI) proposent des dispenses de modules pour les aides-soignants titulaires du DEAS. Ces dispenses concernent généralement des enseignements que les aides-soignants maîtrisent déjà en raison de leur formation et de leur expérience professionnelle. Voici quelques exemples de dispenses possibles :

  • Modules de soins de base : Les soins d’hygiène et de confort, la surveillance des signes vitaux, ou encore l’accompagnement des patients dans les gestes de la vie quotidienne font partie des compétences déjà maîtrisées par les aides-soignants.
  • Expérience en milieu hospitalier : Les aides-soignants ayant plusieurs années d’expérience en milieu hospitalier peuvent bénéficier de dispenses pour certains modules pratiques, réduisant ainsi la durée totale de la formation.
4.2.2. Réduction de la durée de formation

Dans certains cas, la formation peut être réduite à deux ans au lieu des trois ans classiques pour les aides-soignants, en fonction de leur expérience professionnelle et des modules qu’ils ont déjà validés. Cette réduction dépend des politiques des IFSI et de l’évaluation des compétences déjà acquises par les candidats.

4.3. Limites et considérations

Bien que la VAE et les passerelles offrent des avantages significatifs, il est important de souligner quelques limites à ces dispositifs :

  • Complexité administrative : La constitution du dossier de VAE peut être fastidieuse, et il est parfois difficile de traduire son expérience en compétences mesurables et reconnues par le jury.
  • Pas de garantie de validation totale : La VAE ne garantit pas une validation automatique du DEI. Même avec plusieurs années d’expérience, certaines compétences peuvent ne pas être reconnues, nécessitant un complément de formation.
  • Accompagnement nécessaire : Il est recommandé aux candidats de se faire accompagner dans la démarche, par exemple en s’inscrivant à des ateliers ou en consultant des conseillers spécialisés dans les processus de VAE. Cela permet d’optimiser leurs chances de réussite.

5. Perspectives d’emploi après l’obtention du DEI

Le Diplôme d’État d’Infirmier (DEI) permet d’accéder à une carrière riche en possibilités, avec des débouchés variés dans différents secteurs de soins. Les infirmiers sont des acteurs essentiels du système de santé, leur rôle est polyvalent, et ils bénéficient de perspectives d’évolution professionnelle importantes, tant en termes de spécialisation que de responsabilités.

5.1. Diversité des postes

Les infirmiers diplômés peuvent travailler dans une grande variété de structures et de contextes. Chaque environnement présente des particularités qui influencent la pratique infirmière. Voici un aperçu des principaux domaines d’emploi :

5.1.1. Secteur hospitalier

L’hôpital est l’un des principaux employeurs des infirmiers. Il offre un large éventail de services et de spécialités, permettant aux infirmiers d’évoluer dans des contextes divers :

  • Médecine générale : Les infirmiers jouent un rôle central dans la prise en charge des patients hospitalisés pour des pathologies courantes ou chroniques. Ils assurent des soins quotidiens, surveillent l’évolution des patients, et administrent les traitements prescrits par les médecins.
  • Chirurgie : Dans les services de chirurgie, les infirmiers s’occupent des patients avant et après les opérations. Ils préparent les patients aux interventions, assurent la surveillance post-opératoire, et participent à la gestion de la douleur et à la rééducation.
  • Urgences : Les infirmiers d’urgence sont en première ligne pour gérer des situations souvent critiques. Ils doivent être réactifs, capables de prioriser les soins, et de prendre des décisions rapides pour stabiliser les patients en état de détresse.
  • Réanimation et soins intensifs : Ce secteur requiert des compétences techniques poussées, car les infirmiers y prennent en charge des patients gravement atteints, nécessitant une surveillance constante et l’utilisation d’équipements complexes (respirateurs, monitoring).
  • Pédiatrie : Les infirmiers spécialisés en pédiatrie travaillent avec des enfants de tous âges, y compris des nouveau-nés. Ils sont formés pour répondre aux besoins spécifiques des enfants malades, tout en accompagnant les familles.
  • Oncologie : Les infirmiers en oncologie assurent des soins aux patients atteints de cancer. Ils participent à l’administration des traitements (chimiothérapie, radiothérapie), surveillent les effets secondaires, et jouent un rôle crucial dans le soutien psychologique des patients.
5.1.2. Secteur médico-social

En dehors des hôpitaux, le secteur médico-social offre également de nombreuses opportunités d’emploi :

  • EHPAD (Établissements d’Hébergement pour Personnes Âgées Dépendantes) : Les infirmiers y prennent en charge des personnes âgées, souvent en perte d’autonomie. Ils participent à la gestion des pathologies chroniques, à la prévention des complications, et à l’accompagnement en fin de vie.
  • Structures de soins à domicile : Les infirmiers à domicile interviennent chez les patients pour prodiguer des soins tout en leur permettant de rester chez eux. Ce type de pratique requiert une grande autonomie, car les infirmiers doivent gérer des patients parfois isolés, tout en adaptant les soins à leur environnement.
  • Centres de rééducation et maisons d’accueil spécialisées (MAS) : Les infirmiers peuvent aussi travailler auprès de patients nécessitant une rééducation physique ou psychologique après des traumatismes ou des maladies. Ces structures accueillent souvent des patients en longue convalescence, ou atteints de handicaps nécessitant des soins spécifiques.
5.1.3. Soins en libéral

Une fois diplômés et après quelques années d’expérience (généralement trois ans), les infirmiers peuvent choisir de s’installer en libéral. Ce mode d’exercice leur permet de travailler en toute autonomie, en intervenant directement au domicile des patients. Les soins à domicile comprennent des actes variés, tels que les pansements, les injections, les perfusions, et l’accompagnement des patients chroniques ou en fin de vie.

L’exercice en libéral demande un fort sens de l’organisation et une grande autonomie, car les infirmiers sont responsables de la gestion de leur planning, de la relation avec les patients, mais aussi des aspects administratifs et financiers de leur activité.

5.1.4. Autres contextes d’emploi

Outre les secteurs hospitalier et médico-social, les infirmiers peuvent également travailler dans :

  • Les entreprises : Certaines entreprises disposent de services de santé au travail, où les infirmiers assurent le suivi médical des employés, réalisent des bilans de santé, et participent à la prévention des risques professionnels.
  • Les collectivités territoriales : Les infirmiers peuvent travailler dans des centres de santé municipaux, des écoles, ou des crèches, où ils réalisent des actions de prévention, d’éducation à la santé, et interviennent en cas d’accident ou de maladie.
  • Les ONG et missions humanitaires : De nombreuses organisations non gouvernementales (Médecins Sans Frontières, Croix-Rouge, etc.) recrutent des infirmiers pour participer à des missions humanitaires, en France ou à l’étranger, souvent dans des contextes d’urgence ou dans des zones défavorisées.

5.2. Spécialisations

Une fois le DEI obtenu, les infirmiers peuvent choisir de se spécialiser dans un domaine précis des soins infirmiers. Cela leur permet d’acquérir des compétences spécifiques et d’accéder à des postes plus qualifiés. Voici quelques-unes des principales spécialisations possibles :

5.2.1. Infirmier anesthésiste (IADE)

Les infirmiers anesthésistes travaillent en collaboration avec les médecins anesthésistes lors des opérations chirurgicales. Ils sont responsables de la préparation des patients à l’anesthésie, de la surveillance pendant les interventions, et de la gestion de la douleur après l’opération. Cette spécialisation requiert une formation supplémentaire de deux ans.

5.2.2. Infirmier de bloc opératoire (IBODE)

L’infirmier de bloc opératoire est un acteur clé lors des interventions chirurgicales. Il prépare les instruments, assiste les chirurgiens, et veille à la stérilisation et au bon déroulement de l’opération. Cette spécialisation demande une formation d’un an après le DEI.

5.2.3. Infirmier en puériculture

L’infirmier en puériculture est spécialisé dans la prise en charge des enfants, des nouveau-nés aux adolescents. Il travaille souvent dans des services de pédiatrie, des crèches, ou des centres de protection maternelle et infantile (PMI). Cette spécialisation requiert une formation d’un an supplémentaire.

5.2.4. Cadre de santé

Les infirmiers ayant plusieurs années d’expérience peuvent se tourner vers des fonctions d’encadrement et devenir cadre de santé. Ils encadrent alors une équipe soignante, assurent la coordination des soins, et participent à la gestion administrative et organisationnelle des services. Cette évolution demande de suivre une formation spécifique en management de la santé.

5.3. Évolution de carrière

Le métier d’infirmier offre de nombreuses possibilités d’évolution de carrière, notamment grâce aux formations continues et aux spécialités accessibles tout au long de la vie professionnelle.

5.3.1. Postes à responsabilités

Avec l’expérience, les infirmiers peuvent accéder à des postes à responsabilités, tels que :

  • Cadre de santé : Comme mentionné précédemment, cette fonction consiste à encadrer une équipe de soignants et à coordonner les activités de soins d’un service ou d’une unité.
  • Directeur des soins : Après une expérience significative en tant que cadre de santé, les infirmiers peuvent évoluer vers des fonctions de direction des soins, où ils assurent la gestion globale de l’organisation des soins au sein d’un établissement de santé.
5.3.2. Formations complémentaires

L’évolution de carrière des infirmiers passe également par des formations complémentaires ou des diplômes universitaires (DU) qui leur permettent d’enrichir leurs compétences dans des domaines spécifiques :

  • DU en plaies et cicatrisation : Cette formation permet aux infirmiers de devenir des experts en soins des plaies complexes et chroniques.
  • DU en soins palliatifs : Ce diplôme offre une spécialisation dans l’accompagnement des patients en fin de vie, en mettant l’accent sur la gestion de la douleur, le soutien psychologique, et l’accompagnement des familles.
5.3.3. Enseignement et formation

Les infirmiers expérimentés peuvent également se tourner vers l’enseignement et devenir formateurs en institut de formation en soins infirmiers (IFSI). Ils participent alors à la formation des futurs infirmiers, en partageant leur expérience et en encadrant les étudiants lors des cours théoriques et des stages pratiques.

6. Conclusion

Devenir infirmière après avoir obtenu le DEAS est un parcours enrichissant qui permet d’élargir ses compétences et de prendre en charge des responsabilités accrues dans le domaine des soins. Les aides-soignants possèdent déjà des bases solides en matière de soins et de communication, ce qui leur confère un avantage lors de leur formation en soins infirmiers.

En investissant du temps dans la préparation, en comprenant les exigences de la formation et en s’engageant dans un apprentissage continu, il est possible de réussir cette transition et de s’épanouir dans la profession infirmière. Le rôle d’infirmier est essentiel et offre de nombreuses opportunités de carrière et de développement personnel.